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Pourquoi l’autre file va-t-elle toujours plus vite ?

Dans les bouchons, pourquoi l’autre file va-t-elle toujours plus vite ?


Avez-vous déjà eu sentiment, coincé dans un embouteillage, que la file d’à côté avançait plus vite que la vôtre, désespérément à l’arrêt toutes les cinq secondes ? C’est le cas de tout le monde ou presque. Souvent, cela vous irrite légèrement, en plus. Afin d’avoir le fin mot de l’histoire, à la veille des départs en vacances de l’été, on vous donne un élément de réponse.


C’est un peu comme attendre le métro ou le bus. Quand vous êtes dans une station ou à un arrêt, vous avez souvent l’impression que le métro ou le bus arrive d’abord sur le quai ou l’aubette d’en face, plutôt que de votre côté… Pour les bouchons, c’est un peu pareil. En voiture, alors que tous les conducteurs sont plongés dans la même galère et doivent lutter avec leur impatience, vous êtes formels : votre file n’est jamais la bonne et celle d’à côté avance plus vite. Pire, même quand vous changez de couloir, la voie d’à côté semble accélérer davantage.

À force, vous vous êtes imaginé des grandes théories, vous impressionnez vos enfants avec…


« Regarde cette voiture, tu la regardes bien, hein ? Eh bien, dans dix minutes, elle sera tout là-bas, au bout de la ligne droite… - Oui, papa… »


Dix minutes plus tard, vous avez généralement oublié quelle était la voiture en question, votre fils s’est mis son casque sur les oreilles et après tout, comment reconnaître une Renault parmi toutes ces Renault… En clair, vous êtes perdu.

Votre humeur détestable, liée à ce fichu embouteillage, vous fait dire tout et n’importe quoi. Vous êtes un peu ridicule, vous le savez ?


Une étude a mis fin au débat


Rassurez-vous, l’auteur de ces lignes ne vous insulte pas… En réalité, nous sommes tous dans ce cas-là. Et c’est justement pour cela que deux chercheurs, Donald Redelmeier (Université de Toronto) et Robert Tibshirani (Université Stanford, en Californie), avaient décidé, en 1999, de mener une étude sur le sujet. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature, reposaient sur une simulation sur ordinateur d’un embouteillage. Plusieurs voitures avaient été placées sur une autoroute imaginaire pour former un bouchon très réel. Quelle file avançait plus vite, celle de droite, de gauche, d’intérieur ou d’extérieur ?

En fait, selon eux, aucune des files n’évoluait plus rapidement qu’une autre. Ainsi, sur dix minutes, les deux voies avançaient à la même vitesse. Par moments, une file ralentissait, alors que l’autre accélérait, mais au bout du compte, les voitures progressaient au même rythme.


Pourquoi, dès lors, a-t-on l’impression que cela va toujours plus vite à côté ? Plusieurs explications circulent. D’abord, il y a la fameuse loi de Murphy. En résumé : si ça peut mal se passer, cela se passera mal, et donc forcément vous aurez l’impression d’être au pire des endroits du bouchon. Peu crédible, avouons-le.


D’autres optent pour la maladresse, la mauvaise appréciation permanente. En clair : chaque file avance par à-coups, et moi, comme par hasard, je décide toujours de changer de voie pile au moment où celle-ci s’apprête à accélérer. Cela peut se confirmer une fois, mais c’est difficile à tenir sur toute une vie, une guigne pareille…

Autre solution : les biais de mémorisation liés aux phénomènes désagréables. Les psychologues estiment en effet que certains individus seraient davantage enclins à retenir des souvenirs désagréables qu’agréables. Notre mémoire, donc, effectuerait un tri vers le négatif. Recevable, certes, mais convenez que cela ferait de nous des êtres profondément durs, critiques et jamais vraiment satisfaits. Au fond, c’est un peu le même procédé que le classique « c’est toujours mieux ailleurs »…


On se fait dépasser plus qu’on dépasse


En fait, la raison la plus plausible viendrait de ces deux chercheurs, auteurs de l’étude en 1999. Selon eux, sur dix minutes, on passerait ainsi moins de temps à doubler qu’à être doublé. « À 15 km/h, un conducteur passe 46 secondes à être dépassé et dépasse pendant 33 secondes », confiaient-ils.

Et à cela s’ajoute un problème de perception. Ainsi, l’écart entre les voitures n’est pas le même à l’arrêt, bloqué, que quand on avance. Selon leurs travaux, le conducteur de la voie « rapide » pourra donc doubler en moyenne trois véhicules à l’arrêt en une seconde. Mais sachant que les automobiles « en mouvement » sont séparées par une certaine distance, celui qui ne bouge pas, qui se retrouve pare-chocs contre pare-chocs, ne sera dès lors jamais dépassé par trois véhicules en une seconde. Autrement dit : quand une voiture vous double, vous la voyez longtemps. Mais quand vous doublez une voiture, vous ne l’apercevez qu’un instant… Dépasser, car ce moment est bref, doit donc se savourer. Être dépassé, en revanche, est une expérience qui dure un peu plus longtemps.

Cette impression a été confirmée par un test vidéo. On a projeté un film à 120 personnes, tourné depuis la fenêtre d’une voiture coincée dans un embouteillage : la voie d’à côté roulait moins vite, mais pourtant 65 % des cobayes auraient souhaité changer de file !

Désormais, donc, vous êtes prévenu : gardez le cap et ayez confiance dans votre choix initial. Quoi qu’il se passe, sachez-le, ce sera le bon. Et cela vous évitera, en plus, de faire des « queues de poisson » qui pourraient être fatales à votre véhicule ou à celui que vous doublez…

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